Fantômes en réserve.
Catherine Macchi
Entre fiction et réalité, les dessins de Virginie Loze constituent un champ d’expérimentation libre où se croisent les références de toute une génération imprégnée de séries télévisées et de films cultes, de bandes dessinées et de musique pop. Mais l’esthétique trash de la contre-culture est ici distillée à retardement tant les singuliers personnages convoqués par l’artiste assument un air de normalité ou un degré de résignation. Comme dans un rébus, le dessin est sommaire, réduit à l’essentiel. Tels des ectoplasmes flottant dans l’espace blanc de la feuille de papier, les acteurs de ces étranges bribes d’histoires sont pourtant en proie à des métamorphoses monstrueuses et inquiétantes. Les mutations dont Virginie Loze affuble avec humour et tendresse ces personnages pourraient bien être le spectre de nos angoisses. Derrière la prolifération insolente de ces sujets improbables, il est question de menaces qui défient l’individu, d’atteinte à l’intégrité, de l’appétence contrariée, de signe du dérèglement psychique et d’aliénation.