Don't ever forget how precious you are.

Don't ever forget how precious you are

Aurélie Faure

Se jouer des codes de l’art contemporain dans le but de créer des zones de rencontres et de dialogues, pour renouer les uns avec les autres, répondre à des défis sociaux, politiques et culturels, sont aussi des stratégies et des méthodes de travail déployées par Anaïs Touchot et Marion Mounic. Chacune convoque l’intime et pense des espaces de résistance via des dispositifs ou des protocoles qui détournent les enjeux de l’exposition ou du marché de l’art et permettent la croisée des publics et des modes de pensée. Elles fabriquent des contextes et imaginent des environnements propices à l’échange, au partage et à la discussion.
Marion Mounic interroge la limite entre le vécu et le perçu, questionne ce qui constitue nos identités et altère notre vision du monde. L’artiste fait des allers-retours entre le Maroc et Sète, sa ville d’attache. Ses œuvres sont des retours d’expérience et la traduction de sensations éprouvées au fil de ses observations, de ses voyages et de ses rencontres. Dans la rue, sur la plage, en cuisine ou à l’atelier, elle porte une attention particulière aux gestes qui reflètent la mémoire d’une histoire, transmettent un savoir et forment des « micro-territoires » dans l’espace public et/ou dans la sphère privée. L’artiste étudie et reprend la géographie de lieux fédérateurs qui accordent l’espace et le temps, servent de prétexte et favorisent la réunion, la réflexion et la solidarité.
Si Marion Mounic s’attache à nos actions, Anaïs Touchot s’attaque au langage. L’artiste s’adresse directement à nous et propose ses services par le biais de pancartes et de slogans qui se jouent des injonctions capitalistes au bien-être et à l’accomplissement de soi. Ses œuvres se réapproprient les formes de luttes et de pratiques amateurs et manifestent contre le devoir de performance, de productivité et de réussite qui pèse sur l’artiste et sur chacun·e de nous. Anaïs Touchot conçoit toujours en relation avec celles et ceux qui feront œuvre avec elle, et se préserve d’un marché de l’art, de son jargon et des leviers, qui prétendent définir la légitimité d’un travail et/ou de sa valeur.

Les œuvres de Johanna Cartier, Brandon Gercara, Marion Mounic, Damien Rouxel, Ben Saint-Maxent, et Anaïs Touchot, intègrent la valeur collective du « je » telle que définit par Annie Ernaud. Elles dépassent la singularité de l’expérience, nous libèrent et nous affranchissent : elles nous empouvoirent.



Extrait, lire le texte en entier ici

Texte produit par le Réseau documents d’artistes et Aica – France, Point de vue, 2023.
En partenariat avec The Art Newspaper France.

Auteur·e

Née en 1987, vit et travaille à Paris
Membre de C-E-A
Aurélie Faure - aka Katarina Stella - est commissaire d’exposition indépendante et auteure. De 2010 à 2013, elle assure différentes missions liées à la production, la communication et la coordination d’expositions dans les galeries Emmanuel Perrotin, Suzanne Tarasiève, Eva Hober, et auprès de l’Institut Français. Depuis 2014, elle travaille aux côtés de Gaël Charbau pour la Bourse Révélations Emerige, Universcience, et la Fondation d’entreprise Hermès. En 2017, ils développent le programme Inventeurs d’aventures sur la jeune scène contemporaine dans le sud de la France, avec le réseau regroupant les 7 écoles supérieures d’art de la région PACA. En 2018, ils assurent la direction artistique de Nuit Blanche. En 2016, elle est curatrice de l’exposition Machination(s) à la Galerie Éric Mouchet où la vidéo, le son, et les sciences politiques et sociales occupent une place importante. Depuis 2017, elle travaille à la création de projets sonores et radiophoniques avec Clément Douala-Diboti Quenum et Romain Poirier. En 2019, elle réalise les deux expositions de Louis-Cyprien Rials à Paris (Prix Sam 2017) et la direction artistique du Focus France à Art Vilnius, notamment avec l’exposition On the Edge dédiée à la peinture et la vidéo, dont la scénographie témoigne d’un désir d’économie de moyens face à des questions environnementales. Aurélie Faure est aussi co-fondatrice de Born And Die aux cotés de Léo Marin et Ivan Dapic. Produisant des éditions, multiples et expositions dédiées à la jeune création, ils accompagnent quotidiennement une vingtaine d’artistes.