Exit Tempera ou la présence des lances.
Cécile Noguès
Tout se passe comme si, dans les dessins de Marianne, la scène à ciel ouvert débattait d’un avant et d’un après. À quoi tient cette spontanéité ? Et comment s’en séparer ? Les indices dessinés se mesurent les uns aux autres, ils déversent leur couleur, leur motif et se prêtent au jeu du truchement. Si il y a une figure principale, elle se dérobe sous ce qui l’avoisine, plus petite et criarde, elle-même éclipsée par le feuillage d’un arbre ou l’agressivité de stries. Les scénarios que l’on se fabrique, se télescopent sous de nouvelles distributions ; ce sont des comédies à bascule dont les seconds rôles décoratifs s’emparent. Le dessin est un atterrissage : à ce stade-là, l’hypothèse d’une histoire est confirmée par son propre fracas. Pour équilibrer les masses, il faut un colosse (il est la forêt, la roche, l’incendie, le combat) pour que le détail advienne et pulvérise l’omniprésence.
Les patineurs de We don’t need another hero, gainés de couleurs et abrités par la vitesse, désertent un paysage contendant qui s’érige à l’arrière plan. Dans Lost in neverland, le tourisme des réjouissances sommeille dans les herbes. Tous deux abandonnés sur le parking de L’’Hôtel Idéal, qui n’a pour épaisseur que celle de sa façade, le loup reprend dans sa gueule le rouge d’une voiture flamboyante. Point de déflagration dans cette image si ce n’est un doublon de couleur irréversible : nécessaire.