Exit Tempera ou la présence des lances.

Cécile Noguès

Tout se passe comme si, dans les dessins de Marianne, la scène à ciel ouvert débattait d’un avant et d’un après. À quoi tient cette spontanéité ? Et comment s’en séparer ? Les indices dessinés se mesurent les uns aux autres, ils déversent leur couleur, leur motif et se prêtent au jeu du truchement. Si il y a une figure principale, elle se dérobe sous ce qui l’avoisine, plus petite et criarde, elle-même éclipsée par le feuillage d’un arbre ou l’agressivité de stries. Les scénarios que l’on se fabrique, se télescopent sous de nouvelles distributions ; ce sont des comédies à bascule dont les seconds rôles décoratifs s’emparent. Le dessin est un atterrissage : à ce stade-là, l’hypothèse d’une histoire est confirmée par son propre fracas. Pour équilibrer les masses, il faut un colosse (il est la forêt, la roche, l’incendie, le combat) pour que le détail advienne et pulvérise l’omniprésence.

Les patineurs de We don’t need another hero, gainés de couleurs et abrités par la vitesse, désertent un paysage contendant qui s’érige à l’arrière plan. Dans Lost in neverland, le tourisme des réjouissances sommeille dans les herbes. Tous deux abandonnés sur le parking de L’’Hôtel Idéal, qui n’a pour épaisseur que celle de sa façade, le loup reprend dans sa gueule le rouge d’une voiture flamboyante. Point de déflagration dans cette image si ce n’est un doublon de couleur irréversible : nécessaire.

Texte de Cécile Noguès à propos de la pratique de Marianne Plo

Texte publié dans la monographie La chimie des visions de Marianne Plo, Éditions Spector, Toulouse, 2014.

Monographie

La chimie des visions, monographie, Éditions Spector, co-édition les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse, Toulouse, BBB centre d’art, Toulosue, Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain, Saint-Gaudens, institut supérieur des arts de Toulouse, Toulouse, Lieu-Commun, artist run space, Toulouse Le Parvis centre d’art contemporain, Ibos, textes de Johana Carrier, Pedro Morais, Cécile Noguès, Clément Rodzielski et Violaine Sallenave, garphisme Huz & Bosshard, traduction Anna Knight, avec le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication–DRAC Midi-Pyrénées, de la Région Midi-Pyrénées, des Conseils généraux de Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées, de Toulouse Métropole, du Grand Tarbes et des villes de Toulouse et de Saint-Gaudens