Les Carbones

2004

Papier carbone
42 x 54 cm chaque
Réalisés lors d'une résidence en Corse, à Corte et à Bastia au printemps 2004 (dans le cadre des programmes du FRAC Corse, avec le financement de la CTC)

L’envers des mots à l’endroit des murs.

Sur son île Valère avait fini de voyager et regardait la mer. Son âme était noire et faisait des allers-retours en nommant les bateaux.

Elle est à quai.

J’ai pas taché mes doigts à l’œil de Valérie. Elle a dit qu’au travers

Il n’y avait plus d’ailleurs.

Au travers devrait y avoir l’ailleurs ; avoir l’âme noire c’est dire que de l’autre côté c’est pareil, qu’à l’envers des mots on a trouvé l’inverse.

L’épaisseur des murs laisse traverser un homme qui fabrique une histoire.

« C’était un beau voyage » dit-il. Des carbones l’opacité ne dit pas le voyage.

C’est aller et retourner.

C’est un trajet qui n’a jamais traversé.

Une âme noire j’ai dit, c’est pire, cette fille se cogne aux murs et les refuse.

Frontale. Une distance obligée par l’objet ? « je tournerai autour si je ne peux pas le pénétrer ».

Contre les bateaux qui menaient au large les poètes, leur offraient l’absence, aujourd’hui les bateaux ont des noms que l’on retourne, ils ne nous mènent plus nulle tard ; je ne serais plus un voyageur, j’ai l’âme noire moi aussi.

Cette île ne m’accueille pas. Elle est mon passage, un miroir à travers lequel on ne passe plus.

Valérie gratte le tain et l’on guette l’envers, et c’est l’inverse que l’on voit. Il n’y a plus de passage. Nous ne voyagerons plus jamais. Une île est l’inverse de la terre. À peine une empreinte, je veux dire je n’y laisserais pas ma trace.

Une âme noire vous ai-je dit.


Claire Terral

© Adagp, Paris