Si les œuvres proposées par Suzy Lelièvre empruntent au vocabulaire de l’abstraction, de la morphogenèse et de la topologie, elles sont néanmoins le fruit de gestes qui se confrontent à la matière. Son travail, sans cesse traversé par la dualité entre rationnel et sensible, explore la rencontre entre des protocoles de déformations et des gestes d’incisions, de répétitions, de rotations, de courbes et de pliages.
L’expérimentation prolifique donne naissance à des sculptures qui jouent avec les échelles et se déploient dans l’espace, du plan au volume, perturbant ainsi la perception spatiale du spectateur. Par des jeux d’associations d’idées, elles stimulent le pouvoir analogique qui naît de la relation entre formes génériques et objets.
Ses sculptures in situ dialoguent ouvertement avec le paysage et l’architecture pour multiplier leurs potentialités et les réinventer dans un processus continu. Suzy Lelièvre s’appuie sur des principes de représentations du monde, tirés principalement de la perspective ou de la cartographie. Son intérêt pour l’espace et le temps, et plus généralement pour leur perception, transparaît dans l’emploi systématique de ces outils à la fois traditionnels et modernes.
Le large choix des matériaux, des plus industriels (acier, aluminium, fibre de verre), aux plus naturels (sable, bois, granit, porcelaine), aux plus fragiles (papier, plâtre) révèle une recherche constante façonnée par les méthodes du design et les procédés de production et une analogie entre savoir-faire très différents, en dialogue permanent entre geste et pensée.