Structuré en séries de peintures, généralement aux motifs géométriques, le travail de Catherine Branger paraît de prime abord rigoureux, rationnel, presque formaliste. Ce faux air ordonné et méticuleux dissimule en réalité une pratique aux multiples ricochets, renvois, allers-retours, disséminés à travers les séries et les périodes, comme s’il s’agissait d’un jeu de piste.

D’approche expérimentale, la peinture de Catherine Branger se nourrit de l’observation des contextes, qu’ils soient celui de l’activité des collègues artistes, des ateliers où elle travaille, des lieux d’exposition investis - ou, plus globalement, le contexte architectural. Et même lorsqu’elle adopte l’abstraction, cette relation à l’espace est toujours présente, tout particulièrement dans les choix de composition des tableaux, qui véhiculent une perception et une sensibilité spatiales subtiles et constantes.
C’est là que les allers-retours se font : entre l’espace réel reproduit par la photographie d’abord et la peinture ensuite et l’espace représenté qui devient un motif pictural autonome représentable à l’infini.

De la même manière, la feuille de papier rayée et pliée, en se transformant d’objet à deux dimensions à volume, devient prétexte aux expérimentations, aux superpositions de glacis, à l’exploration de la couleur et de la matière - et cela, dans un mouvement presque inépuisable. 
Il est aussi beaucoup question de rythme dans les compositions de Catherine Branger, de répétition, de contrôle. Mais, dans ce système en définitive si rassurant, l’artiste ne s’interdit pas de disséminer des failles, accidents parfois imperceptibles, au pouvoir inédit de perturbation.

Citations

« What you see is what you see » - Frank Stella
« J’ai toujours été passionné par le mariage de l’ordre et du désordre, que ce soit l’un qui produise ou perturbe l’autre, ou l’autre qui produise ou perturbe l’un »
François Morellet


« Oui, mes œuvres sont des illustrations de systèmes faisant appel aux mathématiques les plus élémentaires comme 1, 2, 3, 4 etc. Elles ne veulent rien dire d’autre au départ, mais je suis heureux qu’elles provoquent de fortes émotions quand on les regarde. Souvent moi-même, devant une de mes œuvres terminée, j’éprouve de la gaieté, de l’angoisse ou même un sentiment de vide »
François Morellet


« L’art est une garantie de santé mentale »
Louise Bourgeois


« Pensant que l’art est un combat contre le désarroi de notre civilisation, je crois fermement que la charge spirituelle de l’art est le seul recours et le seul salut » Aurélie Nemours


« Tout a déjà été fait, sauf par moi » François Truffaut


« La plupart des gens ont le sentiment que le monde ressemble à la photographie. En ce me qui me concerne, j’ai toujours pensé que la photographie est presque juste, mais que cette petite chose qu’elle manque change presque tout. Et c’est précisément sur ce terrain que je m’aventure »
David Hockney


« …Que la main soit gourde, mais que l’œil soit agile, perspicace et savant » Félix Féneon


« Ainsi ma liberté consiste en ma façon d’évoluer dans le cadre étroit que je me suis assigné pour chacune de mes entreprises. J’irai même plus loin : ma liberté sera d’autant plus grande et plus significative, plus je limiterai étroitement mon champs d’action, plus je m’entourerai d’obstacles. Tout ce qui diminue la contrainte diminue la force. Plus on impose de contraintes, plus on se libère des chaînes qui entravent l’esprit »
Paul Klee


« Les plaisirs de la vue ont une chose en commun – ils vous prennent au dépourvu. Ils sont soudains, rapides et inattendus. Si on essaie de les prolonger, les retrouver ou les faire venir volontairement, leur pureté et leur fraîcheur sont perdues. Ils sont essentiellement énigmatiques et élusifs »
L’Esprit de l’œil, Bridget Riley


« J’ai conçu Continuum en 1963 pour ma deuxième exposition personnelle à la Gallery One. Il s’agissait de la plus grande peinture que j’avais jamais faite et je voulais que le spectateur soit « dans » l’œuvre, qu’il en fasse partie. […] Cette expérience indiquait une direction que je ne voulais pas emprunter. Elle était trop littérale, puisque le spectateur se trouvait « dans » l’œuvre au sens propre alors que je ne souhaitais qu’une absorption visuelle. J’abandonnai Continuum et celle-ci se détériora. Je comprends pourtant qu’elle peut présenter un intérêt aujourd’hui »
Bridget Riley