Les reflets de Faustine

À partir de l’hypothèse selon laquelle le roman de Casares (L’Invention de Morel) génère une familiarité littéraire qui dépasse la citation directe, je tente de trouver les différents reflets de Faustine qui se manifestent au détour d’autres œuvres, antérieures ou postérieures, que je place ensuite sur une carte inspirée de l’île dessinée par Norah Borges pour illustrer l’édition originelle du roman. Ensuite, toujours en écho de l’intention du roman d’explorer la vérité d’une réalité enregistrée, j’ai demandé à une intelligence artificielle de produire des images à partir de l’extrait du roman où Faustine se manifeste pour la première fois : Dans les rochers, tous les soirs, une jeune femme brune contemple le coucher du soleil. Elle a un foulard versicolore noué autour de la tête ; les mains jointes enserrant un genou.

Cette requête est augmentée d’images de références issues de la liste des reflets de Faustine (Delphine Seyrig dans L’année dernière à Marienbad, Kim Novak dans Vertigo, La mariée du Grand Verre…).

La même image est générée avec ses variantes puis encore superposée aux autres pour produire des formes de plus en plus insaisissables et éthérées. Trois images sont produites et ensuite réunies sous la forme d’une impression lenticulaire, c’est à dire d’une image mouvante et qui échappe sans cesse à une perception totale. Cette image se présente comme le seul portrait possiblement honnête de Faustine : les reflets de reflets qui nous échappent sans cesse.


Extrait du document de médiation de l’exposition collective Tant de chance me fait peur