Steven Le Priol

Steven Le Priol

Documents d’artistes Occitanie mis à jour le 4 septembre 2023

Le travail de Steven Le Priol explore les notions de réminiscence, d’incertitude et de faux-semblants à travers des œuvres où la surface de la fiction agît comme un miroir déformant du réel.

Histoire-Géographie

L’Histoire, entendue ici au sens large et associée à la géographie et ses représentations, s’emploie autant à s’approprier les grands récits dominants en Histoire et en Histoire de l’art que d’en éclairer des éléments négligés (ou ajoutés, cf. Revenants). Ainsi l’Histoire demeure ici comme une toile de fond, un paysage référent initial plus ou moins clairement émergent selon le contexte où il se déploie. À partir d’un corpus de recherches mené autour de cette question et d’une longue et régulière collecte documentaire se donne à voir une somme de réinterprétations de ces sources, préservées ou non à des degrés divers (faux antiques, documents détournés ou falsifiés, diagrammes subjectifs…).

Revenants

Ici le fantôme est moins à entendre comme manifestation spectrale que comme expérience du sentiment de hantise (à travers des réminiscences et correspondances formelles comme chez Aby Warburg, dans une ambiguïté entretenue entre original et copie ou dans des glissements de sens entre l’image et sa légende).
Dans une note manuscrite, Gustave Flaubert évoquait l’idée que le personnage de Homais de son roman Madame Bovary comprenne dans un moment d’hallucination qu’il n’est qu’un personnage de roman. La Sonate de Vinteuil dans les romans de Marcel Proust est une autre figure de cette porosité entre fiction et réel, par l’évocation d’une œuvre musicale qui n’existe pas (pas plus que son auteur, ici nommé Vinteuil). Cette imbrication du réel dans la fiction (et vice-versa) s’entend naturellement dans la littérature ou le cinéma, deux formes presque exclusivement narratives, là où les arts visuels restent encore souvent liés à la notion d’authenticité de l’auteur par une singularité du geste ou de la signature qui la vérifierait. Ici, à partir de sources documentaires authentiques et d’éléments fictifs se fabrique un récit augmenté de personnages fictifs qui agissent comme des revenants (dans le sens du même mais différent) dans un récit de l’Histoire artistique où ils se glissent comme des chaînons manquants, des coquilles dans le texte de l’Histoire (pour citer Philippe Thomas). À partir de ce travail en amont se construisent des formes narratives et plastiques entremêlées où se croisent notes, documents photographiques, textes et œuvres organisés et réunis en expositions ou en éditions. Les Revenants se tiennent à la limite de l’activité de faussaire et s’immiscent dans les trous laissées vacants par le récit historique qu’ils remplissent par des œuvres construites sur des processus et soutenues par un corpus critique, où textes et biographies tracent un hypothétique jeu de corrélations et d’interactions entre eux, mais aussi avec des artistes existants ou ayant existé.