Boire à sa Lumière
2025
Installation in-situ et pérenne
Assemblage d’éléments lumineux, néons, lampes, faux feux et crémaillères anciennes, structure en bois, animateurs électriques et interrupteurs autonomes
Réalisée dans le cadre d'une résidence à Entorns, Musser, Espagne, 2025
Production Entorns, Musser, Espagne, 2025
Je travaille à partir de ce qui existe déjà, de fragments d’architectures, de matériaux récupérés, de signes discrets et souvent négligés. Ce qui m’importe, c’est de faire apparaître autrement ce qui est là, de redonner une visibilité poétique aux choses fragiles, obsolètes ou en sommeil : ce que j’appelle des « apparitions ».
C’est dans cette continuité exploratoire que s’inscrit l’œuvre Boire à sa lumière [éternelle], que j’ai conçue ici, à Entorns, dans le cadre de cette résidence. Elle prend place sous le préau, ancienne grange à foin, à la fois abri, lieu de passage, d’accueil et désormais d’usage collectif de restauration.
Tout a commencé par une phase de repérage, d’écoute du lieu et de ses habitants. J’ai découvert un mot catalan : recorns – un terme qui désigne plus que des objets, des espaces de stockage improvisés, où s’accumulent des objets aux usages incertains. Ce mot est devenu le point de départ de ma démarche comme une proposition de dispositif architectural.
J’ai collecté ici des matériaux – bois, chaînes, crochets, fragments lumineux – qui avaient tous une histoire, un usage passé. Je les ai assemblés en suivant une logique de suspensions, d’équilibres et de résonances. J’ai également apporté d’autres éléments issues de mon travail artistique, de ma propre histoire.
J’ai voulu travailler autour de la coloration du feu en utilisant des lumières rouges, orangées, jaunes, et parfois une peu de vert rappelant les incandescences gazeuses. Les dispositifs lumineux ont tous en commun leur dysfonction : ils vacillent, clignotent ou sont incomplets. Mais c’est justement par l’accumulation de ces défauts que je parviens à composer une communauté d’objets expressifs et sensibles qui créent, ensemble, un nouvel espace, un nouveau paysage.
Le titre de l’œuvre est tiré d’un livre qui a accompagné mon séjour, il s’agit de La flamme d’une chandelle de Gaston Bachelard, philosophe, phénoménologue, qui cite lui-même Goethe : « Trinken will ich, eh ich sterbe, von des Lebens ew’gem Lichte », que l’on peut traduire par « Boire à la lumière éternelle de la vie, avant de mourir ». C’est une manière d’évoquer la lumière non comme un simple éclairage, mais comme une énergie, affective, spirituelle et surtout résistante, vivante.
Boire à sa lumière est un lieu, un espace de mémoire lumineuse. Une constellation d’objets hétéroclites, un hommage discret à ce qui persiste, à ce qui refuse de s’éteindre.
Vidéo de présentation de l’installation Boire à sa lumière de Rémi Groussin, production Entorns, Musser, Espagne, 2025

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Boire à sa lumière, 2025, assemblage d’éléments lumineux, néons, lampes, faux feux et crémaillères anciennes, structure en bois, animateurs électriques et interrupteurs autonomes, installation in-situ, Entorns, Musser, Espagne, détails, photos Iris Humm