Shifted Realities

Ici, dans l’exposition Shifted Realities, je présente deux œuvres et une installation qui réunit des peintures murales, différents objets, des objets trouvés en réalité, comme des objets récupérés, ainsi que des gravures, des lumières et un film d’une durée de vingt minutes, intitulé Mauve, Jim and John. Le projet dans son ensemble s’intitule You & I. Ce titre est emprunté à une chanson inédite de Jeff Buckley. Il s’agit donc d’un titre très simple, qui revêtit beaucoup de dimensions et de profondeur, car pour moi, les deux œuvres sont étroitement liées parce qu’elles abordent de d’une certaine manière les thèmes de l’interconnexion et des interrelations ou de l’interdépendance. L’idée sous-jacente est donc d’étudier quelle est cette relation entre toi et moi, qui est toi et qui est moi, et la possibilité d’un « nous par ailleurs ». 

Ces objets, une partie de l’installation, seront aussi utilisés pour une performance et l’idée est pour moi que, comme l’installation, et souvent dans mon travail, ces espaces soient des points de rencontre entre les personnes, entre le public et mon travail, entre moi et mon travail. Mais aussi entre moi et d’autres artistes, d’autres créateurs. C’est déjà le cas dans le film qui est une collaboration avec un danseur appelé Robertem Bridgerem et ici je voulais activer cet espace, d’une manière plus sensible, utiliser la musique et toujours une manière de faire référence à la philharmonie, qui est aussi présente ici ainsi qu’à la résonance de l’espace. Cela m’intéressait beaucoup en cela, c’est un peu comme si la musique allait sans doute mettre en mouvement ces objets statiques qui sont ici.

Shifted Realities est en fait un assez bon titre, dans le sens où je suis à l’intérieur de mon travail, j’essaie toujours de chercher d’autres façons de comprendre le monde, tout en produisant de la connaissance. Par exemple, je m’intéresse beaucoup à notre relation au cosmos, aux plantes, aux fantômes et aux êtres invisibles ou non humains, et je pense qu’il s’agit d’un thème commun à certains des artistes présentés dans cette exposition. Pour moi, c’était donc une sorte d’adéquation naturelle.


Extrait traduit de l’interview de Paul Maheke à l’occasion de l’exposition, Galerie Rudolfinum, Prague, Tchéquie