L’odeur noire des idées roses.

Paul Callu

Guilhem Roubichou, L’odeur noire des idées roses, 2019, installation olfactive in-situ, Le Box, Toulouse, photo Le Box.

Brique, béton, bitume (…) une sombre idée aux relents parfumés nous convie : oui le trivial a sa place pour « dire le monde ». Fait nouveau ? Ça non, mais
 le chemin est encore long pour faire pleinement sentir l’évidence d’une telle approche.
Brique, béton, bitume (…) trois éléments émergeant dans des contextes clefs, la période néolithique d’un côté, l’ère industrielle de l’autre. Trois éléments ayant profondément bousculé les possibles dans notre manière d’appréhender l’espace et son aménagement.
Guilhem Roubichou, dans le cadre de cette exposition, nous invite à revivre l’expérience urbaine sous une forme épurée. La route laisse place à trois tas d’enrobé chauffés et humidifiés, la brique passe d’élément de construction à poussière par l’usage d’une meuleuse.
Avec Les tas l’artiste met alors en jeu l’image par l’odeur, les souvenirs émergent - ces tableaux fantômes que nous traînons dans notre bric-à-brac personnel. Après l’odeur vient le son, le crépitement de l’eau sur les résistances, le clapotis des gouttes se fracassant sur le bitume, l’orage n’est jamais loin. Expressions roses quant à elle est une proposition - entre fresque et graffiti, légal et illégal - qui joue le renversement : la brique, cet élément qui à l’accoutumée se fait support pour l’artiste de rue, devient matière première projetée de manière anachronique sur son contemporain le béton.

Texte de Paul Callu à propos de l’exposition personnelle L’odeur noire des idées roses de Guilhem Roubichou au Box, à Toulouse.