À propos du travail.
Valérie Mazouin

Émilie Franceschin, La fête est presque finie, 2020, performance, 16 minutes, Filature du Mazel, Val-d’Aigoual, photos Julien Bouissou
Emilie Franceschin est performeuse. Mais, est-il juste de n’en rester qu’à cette dénomination? Il me semble essentiel de situer ce travail de façon plus large. Lors de ses actions, l’artiste met en œuvre un protocole qui convie de multiples matières : Espace – Mots / Mots – Corps / Corps-Objet / Objet-Peinture / Peinture-Espace.
Toutes se répondent, s’appellent se révèlent en écho. Il y a, à cet endroit, une énonciation du monde au cœur d’un dispositif, dit, d’agencement.
Le processus tente d’ordonner le réel. Ainsi, chaque étape se construit par l’organisation et le soin qui font émerger un corps qui s’élève et lutte. L’abandon s’épuise au profit d’une rigueur que dessinent des étapes de dérèglements dans une volonté de reconfigurations des espaces.
En regardant avec attention les projets d’Emilie Franceschin, je pense alors à ces mots de Gisèle Vienne :
Je peux me mettre dans la situation d’un inspecteur de police qui disposerait de plus ou moins d’indices hétéroclites, et qui tenterait de reconstituer une succession d’évènements cohérents sous forme de narration. 1

Émilie Franceschin, Demeure, 2022, performance, Chapelle Saint-Jacques centre d’art contemporain, Saint-Gaudens, photo Lucas Charrier
L’œuvre, précise dans sa réalisation, se plaît à mélanger les
genres (hétéroclites). Le récit scénique qui se teinte d’une valeur particulièrement picturale, embarque dans une construction graphique.
La narration apparente, au travers de différents signes, pose la question de la composition, flirte avec l’abstraction. L’œuvre échappe au sens pour signifier le corps par l’image. À l’issue de cela, le sens donné à cette chorégraphie de l’incompréhension d’un réel désigné justifie l’agencement des objets, des matières. À l’évidence, un foisonnement de recherches émane de ce travail.
Par son attention aux divers champs des arts que sont la danse, les arts plastiques et ceux de la scène, Emilie Franceschin se saisit de problématiques qui mettent en œuvre des réflexions essentielles de l’être et des humanités.