S’occuper de ses oignons
2019
Performance
10 kg of onions, knives and cutting boards
-
Performed
2024 : as part of the group show Her Voice. Echoes of Chantal Akerman, FOMU-Fotomuseum Antwerpen, Antwerp, Belgium, invited by Dis mon nom
2021 : as part of the 23rd International Encounters Traverse. Art is to do, Prep’art, Toulouse, France
2019 : La Cuisine centre d’art et de design, Nègrepelisse, France
2019 : as part of the off-site programme Et de nos bouchent sortent des diamants, des crapauds et des rires... of Jeune Création, Chapelle des Cordeliers, Crest, France
Le personnel pénètre la sphère publique sans fracas mais avec une rare intensité quand Socheata Aing choisit de S’occuper de ses oignons (2019) en coupant dix kilos pendant une heure et demie, et qu’elle invite le public à l’aider.
Les larmes provoquées par le souffre contenu dans les bulbes ont tôt fait d’être remplacées par des larmes venues du coeur. Le discret reniflement du début monte crescendo jusqu’aux gros sanglots, devant tout le monde, sans gêne. Les oignons sont une excuse et un rempart contre la honte de pleurer aux yeux du monde. Malaise ou empathie, c’est selon. On prend pourtant le couteau et on coupe à son tour, à côté de l’artiste en pleine catharsis, jusqu’à venir à bout de la pile de légumes et de chagrins.
Les larmes collectives remplacent les câlins de réconfort. Les raisons du spleen ne seront pas dites à haute voix ; on les engloutira, ensemble, dans la soupe aux oignons qu’elles auront assaisonnée.
Extract from a text by Horya Makhlouf, 2021, commissioned by the Maison des arts Georges et Claude Pompidou, Cajarc, as part of the Horizons’s programme, in pertenrship with isdaT, Toulouse, France, MO.CO ÉSBA, Montpellier, France, ÉSBAN, Nîmes, France and ÉSAD Pyrénées, Pau and Tarbes, France, read the full text here
Les oignons
Les premiers oignons que j’ai coupé, c’était avec mon père.
Submergée par les larmes, j’ai perdu mes moyens,
si bien qu’il dût prendre le relais.
Régulièrement lorsque je coupe des oignons,
les larmes qui se libèrent me font un grand bien.
Ce sont des larmes sans culpabilité, qui se justifient par la réaction aux oignons
mais qui permettent de laisser libre court à autre chose.
Quelque chose de fragile et d’intime,
qui est contenu par la pudeur, l’interdiction et la dureté
mais qui ne demande qu’à lâcher prise.
Elles coulent à flot,
de bonnes grosses larmes de crocodile.
Une fois les oignons coupés et après avoir bien pleuré,
je peux cuisiner et savourer sereinement le repas entourée de mes proches en partageant nos rires.
Extract from Les petites mémoires