Élégie.
Gaël Bonnefon
C’est dans les interstices du quotidien, entre le visible et l’invisible, que mon travail photographique est né il y a dix ans. Gouverné par une vision tragique, je ne cesse depuis de le reformuler, l’augmenter, le recommencer. La vie, avec ses parts d’ombres et ses éclats, se dérobe à mesure que mon regard avance, la photographie y est témoin de l’indicible.
Le monde offre un théâtre dans lequel mes proches prennent place et où la fiction se joue.
Passant de visages à figures, de personnes à personnages, ils persistent face à l’intensité des lumières crépusculaires, tiennent droit devant des aubes vertigineuses. La figure humaine laisse place progressivement à des paysages silencieux, évanescents, prêts à recevoir ce que nous avons perdu, ce que chacun porte en lui. L’ombre n’est plus un abîme vers lequel on se penche, elle devient un guide. Nous marchons à la recherche d’intensité et d’éblouissement.