Dormance
2018
Film
14 minutes
Avec le soutien des Voies navigables de France, la Cale de Radoub, les Archives du Canal du Midi et l'institut supérieur des arts et du design de Toulouse
Sur les bords du Canal du Midi, des sédiments d’Histoire s’entremêlent entre la surface et le fond de l’eau.
Dormance met en lien deux activités du canal, le curage du fond de l’eau et la coupe massive des arbres malades qui bordent ses rives. Depuis quelques temps, les platanes du cours d’eau sont atteints d’une mystérieuse maladie venue d’un champignon microscopique, arrivé par bateau à la fin de la Seconde Guerre Mondiale (il fut transporté par le biais de caissons d’armes). Aujourd’hui, le champignon se réveille après des années de dormance. Dans le fond du canal, sous l’eau, les pelles des dragueuses creusent tandis qu’un étrange objet venu d’un autre temps revient à la lumière.
Laura Molton a appris la langue des oiseaux. À la recherche de nourritures célestes, elle arpente les territoires pour extraire, des couches de terres et d’eaux, les larves d’un temps et d’une réalité enfouie. Dormance, son premier film, nous emmène sur les rives du canal du Midi. Derrière l’apparente quiétude d’une première scène ; des arbres au crépuscule, un léger bruit d’eau et le gazouillis de quelques volatiles, une résistance s’installe. L’eau est un miroir et ne laisse entrevoir aucune profondeur ; elle reflète les platanes en bordure, aujourd’hui menacés par un étrange champignon venu d’Amérique. L’éclaircissement apparaît grâce aux recherches des dragueurs du canal. Les caisses d’armes des alliés, venus d’outre-atlantique, et faites de bois contaminé, ont été dissimulées sous les ponts du cours d’eau. Elles ont ensuite infecté les racines des platanes environnants par voie d’eau. Le travail de vidéaste de Laura Molton implique l’enquête ; l’érosion d’une réalité apparente en découvre une autre.
Caroline Bouige, Résurrections, extrait du texte
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© Adagp, Paris