Qu’il soit à travers le dessin, l’installation ou la gravure, le travail de Sylvain Fraysse est traversé par une réflexion autour de la notion du temps : le temps dans la durée, expérimenté dans le travail répétitif, minutieux, presque fastidieux, de la gravure, et le temps immédiat, frénétique, de l’image médiatique, d’où il puise son inspiration (internet, presse, cinéma et réseaux sociaux).
La production presque ouvrière de ses images, obtenues tout d’abord en observant et en dessinant, puis par la répétition des gestes de taille, de grattage, de frottage, s’oppose, de par son procédé de création même, à la fluidité (et à la désincarnation) de l’image contemporaine. Comme l’écrit la critique Mary Baldo, « Cette lutte contre la matière est déjà une façon d’être au monde, sinon pessimiste, sûrement furieuse ».
Cette approche au monde et à la contemporanéité se nourrit largement de la culture vernaculaire et des médias, filtrée à travers le prisme de l’esthétique du rock indépendant, du skate, de l’adolescence et des motifs de la mort, du rituel, du sacré, de l’érotisme, voire de la pornographie.
Dans cet univers, parcouru en zapping ou en scroll, Sylvain Fraysse opère par extraction et par arrêt sur image. Cette suspension forcée nous pousse à prêter attention à ce qui se cache derrière ces images, à leurs latences, à leurs récurrences, mais également - et surtout - à leur vocation à se dissoudre et à disparaître dans le flux médiatique.

Artistes, écrivain·es, philosophes, auteur·ices

Georges Bataille, Walter Benjamin, Maurice Blanchot, Marguerite Duras, Paul Virilio

Matériaux, techniques, gestes

Le temps

Titres (d’expositions, livres, disques, chansons...)

Maurice Blanchot, L’écriture du désastre

Citations

Organiser son pessimisme (Walter Benjamin)