Suburbe

2015

Vues de l'exposition personnelle
Pop-up Galerie Schaffen Wir, Berlin, Allemagne
Assistance technique Jason Harrell et Michael Hoh

L’installation réalisée pour l’exposition Suburbe mêle de travaux de découpe, de moulage et jeu vidéo. Laissant les pièces être le support les unes des autres, les structures et les surfaces s’associent dans un jeu chromatique de matière. Les différentes sculptures sont réalisées à partir de surfaces l’une à partir de morceaux de papiers crépon collés, l’autre faite de miroir collé sur du polypropylène découpé selon un principe qui relie les volumes à leurs plans spatiaux, les structures sont attachées avec des bandes de t-shirts découpées.

Ces volumes semblent évoquer une image sans jamais vraiment l’atteindre. À mi-chemin entre sculpture et architecture, toutes les œuvres forment des fragments de paysages urbains à la fois familiers et étranges, l’esthétique froide et l’hygiénisme de l’architecture fonctionnelle et la construction de fortune.

Le titre de l’exposition Suburbe vise simplement à donner un aperçu de l’origine des œuvres : un abri de bus, un abri pour caddies, une barrière, des portes automatiques de supermarché. « La banlieue est définie par une absence de présence urbaine, et elle échoue à se constituer en tant qu’expérience »1 .

La pauvreté des matériaux et des symboliques dans ces espaces périphériques nous limite à une consommation immédiate. Pourtant, ces structures architecturales enveloppantes intéressent l’artiste, précisément parce qu’elles ne réclament aucune authenticité d’expérience. Leur obsolescence programmée les transforme rapidement en ruines, vidées de leurs fonctions hygiéniques et réglementaires.

Dans cette installation, le public peut jouer au jeu flash Sans titre (pointer et cliquer n°3). Dans cette animation flash interactive, illustre avec ironie l’intérieur de ces espaces commerciaux où l’expérience du réel se réduit à une série de lieux communs. À travers des interactions génériques, le spectateur explore un espace virtuel mêlant la sphère publique et privée. L’interface « pointer et cliquer » constitue un genre de jeu vidéo où le·la joueur·se parcourt l’écran en cliquant sur des éléments interactifs, des flèches permettent de passer d’une image à l’autre, créant l’illusion d’un déplacement dans l’espace. Les activités sont codées et réglementées. À la fois assignations à conformité et voies d’émancipation, les actions prédéfinies du jeu font écho aux rituels du quotidien. Michael Hoh, musicien, a créé l’univers sonore de Sans titre (pointer et cliquer n°3). Intéressé par la musique fonctionnelle, il a travaillé pour ce projet autour des musiques d’ascenseur. Les dialogues, inspirés des jeux d’aventure, exposent l’artificialité de l’endroit et jouent avec la notion de gameplay.

  1. Bruce Bégout, Suburbia, Inculte, 2013, p. 14.

© Adagp, Paris

Vue de l’exposition personnelle Suburbe, 2015, Pop-up Galerie Schaffen Wir, Berlin, Allemagne

Vues de l’exposition personnelle Suburbe, 2015, Pop-up Galerie Schaffen Wir, Berlin, Allemagne

Sans titre (pointer-et-cliquer n°3), 2015, animation flash intéractive, musique de Michael Hoh, voix de Michael Hoh et Verena Spilker, Sans titre (barrière), 2015, installation, PVC et tissu, 130 x 100 x 10 cm, vues de l’exposition personnelle Suburbe, 2015, Pop-up Galerie Schaffen Wir, Berlin, Allemagne, détails