Aire de repos

À l’origine, il y a la découpe et le pli, deux gestes qui lient surface et volume. Pliées et dépliées telles des pop-ups, les sculptures de Renaud Helena sont susceptibles de disparaître et de réapparaître. Les morceaux, assemblés par des charnières, reproduisent le processus de découpage et de pliage d’une feuille de papier. Ici, le médium utilisé confère aux volumes une stabilité tout en conservant la souplesse du papier.
De la découpe d’une surface surgissent des formes qui se déploient dans l’espace, engageant le spectateur dans le processus de construction des œuvres pour en élaborer le sens.

Les formes s’ouvrent le temps d’une exposition. Mais l’artiste laisse les volumes reposer sur leur propre poids. Alors, ce qui fait image s’affaisse, comme pour signaler une tension avec la pesanteur du réel. Les surfaces découpées s’articulent et se déposent, contre un mur ou à même le sol, générant ainsi, dans leur repos, de nouvelles configurations formelles.

Les éléments évoquent une architecture sans identité, que l’on retrouve dans ces espaces intermédiaires tels que les aires de repos, définies par leur seule fonction de lieux de transit. Pour l’artiste, ces espaces révèlent un manque à se constituer comme expérience — comme la série de portraits manifestant littéralement l’absence du visage, réalisés à partir de moulages dont il extrait un masque, une seconde peau, mise à plat, découpée, retirée.

Les travaux de Renaud Helena possèdent une esthétique empreint d’une banalité qui laisse percevoir la faille de ces espaces publics anonymes, ses limites et ses bords comme autant de possibilités d’accès et d’issue. Alors derrière la surface, on peux tracer de nouvelles conduites, un déplacement trouble jusqu’aux imaginaires.