Nature morte

2019

Tirages Fine art sur dibond
50 x 70 cm
Sérigraphies numériques au verso

Cette série développe le principe d’empreinte du réel en opérant une similitude entre la pratique du moulage et celle de la photographie. Le moulage s’obtient par l’empreinte d’une forme alors que la photographie se réalise sous l’effet de l’empreinte lumineuse. A partir d’un moule ou d’un négatif nous produisons des tirages. Ces deux techniques ont été considérées comme des processus de reproduction, elles s’avèrent être révélatrice d’un réel, cependant ce réel nous montre un instant perdu. Cet état posthume qu’est l’image pourrait nous évoquer l’obsolescence programmée de notre monde vivant actuel, mais garde en mémoire monochrome la beauté d’une « nature morte ».


      Par la photographie, la vidéo et l’installation, l’œuvre de Béatrice Utrilla offre une réflexion sur l’image et ses usages contemporains. Sa démarche s’emploie notamment à déconstruire les modalités d’exposition de l’image photographique. Témoignant du passage de la photographie argentique au numérique, l’artiste utilise le dispositif de l’écran pour créer des mises en abyme et des matières caractéristiques de son esthétique singulière. Depuis quelques années, l’artiste développe des recherches sur la représentation des plantes d’ornement et d’habitat. A l’occasion de l’exposition « Presque rien », Béatrice Utrilla présente une production nouvelle composée de photographies numériques de plantes d’intérieur moulées dans du plâtre. Grâce à cette action de moulage dont ne subsiste que l’image photographique, la plante offre creux, ombres, pleins et vides. Il se dégage de l’œuvre une impression paradoxale puisque figé dans le plâtre la plante n’est plus soumise à la corruption du temps. Réussissant à offrir de ces éléments végétaux une vision dénaturée et fantomatique, Béatrice Utrilla rejoue le mythe d’origine de la photographie comme empreinte de lumière. Plutôt qu’une seule image, l’artiste a associé deux images l’une sur l’autre, dans une volonté toujours renouvelée de déplacer notre regard sur l’image photographique. 


Jérôme Carrié, critique et directeur artistique de La Fabrique, Université Jean-Jaurès, Toulouse

Vues de l’exposition Cruauté exquise, Chapelle des Cordeliers, Toulouse, 2021

Vues de l’exposition Presque Rien, CIAM La Fabrique, Université Jean-Jaurès, Toulouse

Nature morte, 2019, impression dos bleu collée au mur, 84,1 x 118,9 cm et tirage numérique encadré 30 x 40 cm