Les cheveux blancs de ma mère

2024

Vue de l'exposition personnelle
Station V, Bayonne

Socheata Aing réunit autour du film qu’elle vient de finaliser, La double absence, textes, intentions, collecte de souvenirs rattachés à l’enfance qui nourrissent sa pratique.


Il y a un an, Socheata Aing a retrouvé une dizaine de pochettes de CDs sur lesquelles étaient inscrits des lieux et des dates, en français ou en cambodgien, qui renfermaient de précieux souvenirs enregistrés par son père il y a bien des années. Un grand ménage et le hasard l’ont poussée à revisionner ce qui était entreposé là en attente d’une suite. Sur son écran d’ordinateur, elle redécouvre alors les visages aux traits familiers capturés par son père, des paysages de France et du Cambodge qu’il ramenait – pour les partager – d’un bout à l’autre de la famille dispersée entre les deux pays. La barre d’immeuble de banlieue parisienne dans laquelle une partie des Aing a grandi, et la maison ouverte sur l’extérieur dans laquelle les autres sont restés au pays. Les souvenirs partagés entre ici et là-bas se sont empilés, ont circulé et se sont transformés. Ils se partagent et se répondent en échos sur les deux écrans ménagés par Socheata Aing dans La double absence. L’artiste y prolonge le geste de son père, monte ses images et réalise, avec lui, un film à titre posthume. En lui se formule le double manque et se ménage un espace pour faire durer les mémoires et créer un héritage à leur image.


Extrait du texte de présentation de l’exposition de Horya Makhlouf