Charte d'Athènes
2016
Vues de l'exposition La Travesia, Galerie Rocio Santa Cruz, Barcelone, Espagne, 2017
Pour cette exposition en cohabitation avec les lieux et les choses, l’artiste a modélisé certaines grandes cités d’urgence bâties durant les trente glorieuses. De ces reproductions en relief il fait un contre-moule pour que ces formes modernes, presque cristallines, viennent terminer une colonne de béton à section carrée. Pilier de puissance, arbre de vie de la souche aux ramures, la colonne est ici minimale et tronquée par ces représentations de cités. Les colonnes interrompues, symbole de vie brisée, sont dressées dans l’axe du paysage extérieur, où l’on devine le dessin de l’ancienne cité portuaire de Lattes et, en arrière-plan, l’horizon pavillonnaire récent. (…)
C’est avec les matériaux propres à l’univers du bâtiment que les œuvres sont faites et d’une certaine façon, cette pratique évoque ce que les Japonais nomment le Seiryoku Zenyo, stratégie qui consiste en la meilleure utilisation de l’énergie de l’adversaire pour l’abattre.
Comme pour ré-enchanter l’état du monde, un nuage de néons survole les installations. Il y a quelque chose de cosmique dans ce mobile lumineux. Pourtant, Jean Denant a souvent utilisé autrement ce type d’éclairage rectiligne, pâle et industrieux, génétiquement compatible avec le placo-plâtre et le béton. Mais ici, le mobile semble s’évader, comme s’il passait de l’état solide à l’état gazeux vers de nouveaux paradigmes. Comme si l’artiste nous proposait d’autres points de fuite afin d’échapper un tant soit peu à cette cruelle orthodoxie du mot « moderne ».
Philippe Saulle, extrait du livret d’exposition Plan B, Site archéologique Lattara - Musée Henri Prades, Lattes, 2016