A propos de l'exposition Cielo & Suelo.

Jean-Marc Demay

Exposer son travail photographique dans un hall de médiathèque! Pas si facile… Surtout quand il s’agit de Pierresvives, l’un des édifices fameux de ce début de siècle. Double défi. Ce hall du premier étage est un peu l’antithèse du cube blanc: un espace monumental, vertical, ouvert, lumineux, envouté par les lignes épurées de Zaha Hadid. De ce contexte un peu écrasant, Agnès Fornells s’en sort à merveille, affirmant un autre aspect de son travail: le rapport sculptural que ses images entretiennent avec l’espace. Les photographies de l’artiste révèlent cette dimension dans les agencements précaires qu’elle glane depuis quelques années dans les rues de Mexico. A Pierresvives elle parvient littéralement à « affronter » le lieu, ou plus exactement à lui «tenir tête » en affûtant le choix de chaque image (motifs/formats/supports) dans son articulation à l’architecture. Quelques photographies et une vidéo déjouent avec modestie la rudesse excentrique du bâtiment en le rappelant à l’ordre ou plutôt au désordre… Ce beau désordre qui souvent enchante le monde. Ce beau désordre dont chacune de nos vies porte un peu la trace. Micro monde bancal, ligne tordue, tache de couleur solitaire… La rue est dedans. Voilà que ce désordre entre ici et murmure à l’arbre couché de l’architecte qu’il est bon, parfois, d’en voir vibrer les branches, d’entendre rouler quelques feuilles et de proposer l’abri à quelques oiseaux faussement sauvages.