Espaces entre....
Isabelle Simonou-Viallat
Contrairement à La Vigie qui se répartit sur plusieurs petites salles obligeant à passer par la rupture pour arriver à l’unité, l’espace du Pays où le ciel est toujours bleu est ouvert, d’un seul tenant, ce qui m’a incitée à mettre en avant des œuvres qui se constituent dans le pluriel, toutes de fragments et de juxtapositions, pour les faire dialoguer ensemble.
Cette exposition réunit donc trois artistes dont le travail pose la question, entre autres, de la représentation de l’objet et de l’espace. Chacune des œuvres présentées porte en elle une discussion entre les différents éléments qui la composent.
Objet. Objet représenté par le biais illusionniste de la peinture, objet fabriqué, objets récupérés venant dialoguer en ambiguïté avec les autres éléments.
Objet peinture affirmant sa présence ou objet peinture portant en soi la présentation d’un autre objet peinture.
Espace. Espace peint ou dessiné recevant l’image d’un objet. Espace réel devenant lui même partie intégrante de l’œuvre, espace de dialogue.
Espace peinture intégrant et devenant le support d’une rencontre avec une autre peinture proposant son propre espace. Espace mental que crée le vide entre les choses. Circulation entre espace bidimensionnel et tridimensionnel
(…)
Emmanuel Simon aborde la question de l’objet “œuvre” de façon singulière. Son processus de travail peut aller de la carte blanche à un ou plusieurs artistes exposant dans sa propre intervention picturale, à des collaborations où l’œuvre est pensée et élaborée ensemble. Le résultat en est des travaux à plusieurs mains où son travail se retrouve parfois le support de l’autre, espace d’exposition dans l’espace d’exposition, lui permettant d’être à la fois celui qui expose et celui qui invite.
Les jeux visuels et mentaux auxquels se prêtent les artistes, perturbent notre perception par l’ambiguïté du statut des choses et utilisent les espaces “entre” pour permettre aux éléments constitutifs des œuvres, mais également aux œuvres entre elles, de dialoguer.
Tout en sollicitant la perception du spectateur, ils offrent à son imaginaire un champ ouvert de connexions.