Œuvres dans l’espace public

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David Coste
Un si joli village

2016

26è Résidence de Printemps, 2016
Atelier des Arques, Les Arques
Sous la direction artistique de Caroline Bissière & Jean-Paul Blanchet, Abbaye Saint André, centre d'art contemporain de Meymac

Sans titre, 2016, photographie imprimée sur bâche polyuréthane, 500 x 700 cm

Sans titre, 2016, photographie imprimée sur bâche polyuréthane, 500 x 700 cm, détail

Sans titre, 2016, photographie imprimée sur bâche polyuréthane, 500 x 700 cm, détail

Aux Arques, David Coste a opéré selon ces deux approches qui articulent son travail : l’une que l’on pourrait qualifier de macro et l’autre de micro, l’une externe, l’autre intime. Dans la première, il reproduit photographiquement, plus vrai que nature, sur une bâche tendue devant le pignon extérieur de l’atelier de Zadkine, le mur qu’elle recouvre dans toute sa hauteur. Il réduit ainsi à une dimension fictionnelle ce pan d’espace par un décor qui le met en abîme, donnant à voir ce que sa banalité dissimule. Ce geste de recouvrement qui emprunte aux premiers temps du cinéma ou au théâtre de tréteaux, mime formellement, dit-on aujourd’hui, une offre de réalité augmentée, confirmant non seulement l’impossibilité physique d’accéder à l’atelier
enserré dans une propriété privée, faute d’une porte indépendante, mais plus profondément déplace l’existence même de cet atelier vers
le domaine de l’imaginaire, exprimant métaphoriquement qu’il est devenu — carcasse presque vide d’oeuvres, d’outils ou de matériaux qui pourraient évoquer la présence de Zadkine — un mythe.
Dans une dimension plus intime, plus intérieure, à la manière dont la mémoire réélabore des bribes de souvenirs, d’émotions, d’histoires qu’on raconte ou se raconte ou dans un rêve, David Coste a relevé, autour et dans le village, par des croquis exécutés à la mine de plomb, des fragments de nature ou des pans de mur qui font l’espace rural et celui des Arques sur ses frontières. Par un processus de collage, il les relie à des images correspondantes extraites de deux films: Brigadoon et Les Contrebandiers de Mountfleet. Le montage de type photographique donne, en les fictionnalisant, de l’ampleur à ces panoramas minuscules, centrés sur des détails de plantes ou d’architecture, une prolifération sauvage ou du construit dans lesquels l’imagination circule et se raconte, empreinte de mystère. Puisque l’on sait depuis toujours que la nature grouille en dessous de vies et d’esprits multiples qui se croisent ou se superposent et que les soubassements des maisons et des villes recèlent, enfermées, des histoires, comme les images se recoupent dans la mémoire. L’ensemble de ces fragments rassemblés sur une table, restitue un univers complexe qui possède des reliefs se dressant comme de petites collines, dont les grands dessins sur les murs paraissent être la réalité augmentée. C’est-à-dire l’agrandissement plus lisible du détail : enchevêtrements de végétaux, accidents du terrain, traces d’occupation, combinaison de singularité, qui intéressent par leurpotentiel d’imaginaire, au premier chef, David Coste.

Jean-Paul Blanchet