Peintures grand format

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C’est une énorme tête de bouffon repérable à son couvre-chef à bicornes prolongés de deux pompons verts. Sa gueule ouverte aux dents inégales semble ricaner et cracher une salive rouge ou bien des flammes. Ses deux globes oculaires, vitreux, dont un est saillant, concave, l’autre en retrait, fixent sans voir. À l’emplacement du nez, une membrane ondulée, comme des lèvres ridées, s’entrouvre sur une cavité rougeoyante. Ce nez surmonté de deux antennes ressemble à la fois à un museau, une moustache, une vulve, une limace, une cicatrice. Sa joue déchirée évoque le sourire permanent obtenu par la peau découpée. La peau du visage est jaune pâle, cireuse. Un liseré de piquants verts en guise de coiffe entoure le sommet de sa tête. Est-ce une figure christique ? La métaphore de la mort ? Eros et Thanatos en une même figure ?

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Entre mise en garde et espoir, les questionnements écologiques apparaissent dans mes œuvres depuis les années 1990 parmi d’autres préoccupations sociétales. Ces visions extrêmes issues de mon inconscient sont des exutoires à mon inquiétude. Les situations évoquées sont à leur paroxysme, mêlant le comique au dramatique sous la forme de grotesques composites, qui servent de fulgurantes allégories aussi déroutantes que des images-rêves. Le recours à des formes anthropomorphes me permet d’essayer de susciter de l’empathie envers cette nature malmenée et de lui prêter des émotions et des sentiments, telle une pensée animiste. Dans le panthéon classique, Ada, fils d’Anu, est le dieu de l’orage mésopotamien, son animal symbole est le taureau et s’étend jusqu’en Syrie où il se confond avec son homologue syrien Baal et le hourrite Teshub. Son symbole est la foudre. Ses manifestations sont l’orage et les pluies diluviennes qui l’accompagnent.

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Il s’agit d’une créature formée d’un globe oculaire en guise de tête et sept doigts multicolores. Ces doigts ondulent comme des pattes, déployant deux ailes, semblant se débattre, strangulée par des mains qui maintiennent un garrot. C’est une vision acidulée d’une entrave et d’une menace envers l’intelligence, la création et la liberté. Une Transfiguration impossible ?

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Il s’agit d’une scène burlesque réunissant deux créatures. L’une possède une tête humaine au teint jaune, pourvue de très longues oreilles d’âne verdâtres, vêtue d’une longue jupe noire étroite comme un socle. Ce personnage brandit deux paires de lunettes ou peut-être des masques occultants, colorés, rose et orange. L’autre créature effrayée, ou surprise, a un mouvement de recul. C’est une présence spectrale, moribonde, énucléée, faite de tracés dynamiques violets verticaux. Au-dessus de la scène, des étoiles scintillent d’une tonalité chaude comme un feu d’artifice. Au sol, gît un amas de globes oculaires. Il est question parmi les artifices, d’un semblant de proposition de visions édulcorées, vaines et inappropriées, infligées à un personnage incompris dont la détresse et la dépossession du savoir symbolisé par les globes oculaires au sol est proportionnelle à l’inexorable et répétitive privation de libre arbitre.

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C’est un oiseau dont on ne voit que la tête de face, ses yeux stupéfaits ou bien au beurre noir. De son bec coule une goutte de sang. Il tient dans son bec une plume. À l’autre bout du bec, comme un balancier en déséquilibre, le calamus de la plume se prolonge, se tord et devient le sigle du dollar, de l’euro et du Yen. Dessous est écrit « Paloma blanca ». C’est en référence à la colombe de la paix par Picasso tenant un brin d’olivier. Ici, l’oiseau est malmené, peut-être touché en plein vol. Le poids du profit semble déséquilibrer le balancier au dépens de la paix qui ne pèse pas lourd.

V.L.