Je suis un cœur battant dans le monde

2024

Installation
Chien de porte de 10 mètres, rideau anti-mouche, série de dessins A4 au pastel à la cire aquarellable, graphite et BIC, ensemble de 6 vidéos L’été de la tante de 15 secondes chacune et d’un néon de cuisine

Nicolas Puyjalon, quant à lui, décida d’investir la Maison Salvan durant l’été 2024, en la recevant comme un espace d’investissement, de recours, de soin peut-être. Il plaça sa pratique habituelle de la performance au second plan, pour privilégier un travail contextuel, de résidence, donnant lieu in fine à une installation qui assemble des dessins, des vidéos, des objets. Émanant d’une recherche sur l’intime, tout ce qui est donné à voir dans sa proposition apparaît dans une forme de nudité: les dessins faits de pastel gras sur des formats A4 flottent en toute simplicité sur le mur, les vidéos se retrouvent diffusées sur des écrans dégagés di superflu. Ces dessins-inspirés à la fois parle contexte, par les premières apparitions de Gaston infiltrant le journal de Spirou et par la revue Butt* 1 – précèdent les vidéos. Ils en constituent la recherche, une forme prototypique de storyboard décousu et rêveur. Ils regagnent ensuite une forme d’autonomie dans l’installation. Ils étalent alors l’étendue sensible d’un thème exploré : l’immensité singulière d’un quotidien parmi d’autres, d’un personnage souhaitant échapper aux représentations. En réaction, ils appellent à eux des regards qui, librement, peuvent s’appesantir, s’impatienter pourquoi pas, chercher, se comporter un peu comme la caméra dans la très belle scène d’ouverture du film Showing Up2 . L’ensemble de la matière dessinée et filmée façonne un corpus à la fois fictionnel et documentaire en se situant à l’intersection de plusieurs réalités. Cette matière témoigne tout d’abord de la démarche au long cours de Nicolas Puyjalon, sous une forme quasi autobiographique, par une manifestation de son travail de performance : il coud de potentiels costumes, il revisite certaines de ses actions en mettant en scène, par exemple, un repas outrancier, fait d’ambiguïtés entremêlant plaisir et malaise. Elle évoque encore la mémoire de Joséphine en sa maison. Elle renvoie enfin à des pratiques et des stratégies de communautés LGBT+ qui, depuis des décennies, puisent dans les espaces domestiques des cadres spatiaux pour l’apaisement et la lutte.


Extrait du texte de l’exposition collective Sémillance des limbes de Paul de Sorbier, commissaire, Maison Salvan, Labège, lire le texte en entier ici

  1. Revue portant sur les cultures homosexuelles masculines au ton libre
  2. Kelly Reichardt, Showing Up, 2022, 1h48min