Forces

Depuis 2019, nous travaillons autour de l’idée d’abri, comme espace et temps de réflexion au milieu du trouble environnant. Nous réalisons de grandes tentures en laine feutrée qui vont au-delà de l’objet décoratif en devenant des espaces de protection et de réflexion. Ces tentures sont l’aboutissement d’un travail mené sur des territoires représentant différentes réalités d’équilibres avec le vivant. Sur le terrain, nous collectons les mythes et les désirs, les savoir-faire et les récits.

Nous avons investi dans notre pratique la technique du feutrage humide qui consiste à enchevêtrer des fibres de laine en combinant chaleur, humidité et frottement. La simplicité de ce principe offre une grande liberté de travail. L’absence de métier à tisser ouvre des possibilités de tailles, de formes et de textures. Les feutres que nous réalisons sont des architectures élémentaires offrant un abri. Les bergers des Pyrénées utilisent le feutre pour fabriquer des capes et des chapeaux servant à se protéger du froid et de l’humidité des montagnes. En Asie centrale, les nomades fabriquent les parois décorées de leurs habitations avec de larges tentures feutrées. Ce matériau,  qui appartient autant à des traditions locales que lointaines, est un médium commun d’échange.

Le feutrage requiert de la laine peu transformée. Cette technique nous permet d’aller à l’origine de la laine. Nos productions sont directement reliées à un territoire et à une histoire locale. Nous utilisons des laines qui sont encore considérées comme de simples déchets de la production de viande et de lait. Notre travail parle des équilibres à trouver ou à retrouver en incluant dans la matières des motifs et des ornementations parlant des possibilités du passé comme de celles du temps présent.